Haiko passait ses journées et ses nuits à réfléchir pour savoir comment obtenir le résultat d'un monde parfait qu'elle avait vu en rêve. Elle se pensait seule à avoir été troublée cette nuit là. Depuis, elle était sujette à de violentes insomnies, qui troublaient son rythme de vie naturel. Cette nuit encore, elle n'avait dormi que quelques minutes, et s'était réveillée en sueur, paniquée à l'idée de voir des... "gardiens" l'empêcher de parvenir à ses fins. Elle avait rêvé d'une armée. Elle en rêvait dès qu'elle s'assoupissait. Voilà pourquoi elle faisait le maximum pour ne pas dormir. Mais après la nuit particulièrement agitée qu'elle venait de passer, elle avait besoin d'un café bien corsé pour tenir la forme toute la journée. Elle était donc allée s'installer dans un petit café, non loin de son appartement, qui n'était pas particulièrement reluisant. Mais elle préférait cette ambiance confinée aux grands cafés des belles rues commerçantes, envahis par les gens qui pouvaient se permettre de laisser 10 000 yens en pourboire. Elle, n'en avait pas les moyens.
Elle était donc installée comme d'habitude à une petite table dont la vue donnait sur la rue étroite et peu éclairée. Habillée d'une jupe noire type écolière, et d'un chemisier blanc. Haiko se plaisait à observer les gens passer. Elle remarquait ceux qui avaient besoin d'aide, ceux qui étaient trop vaniteux et trop hautains pour voir les petites gens. Elle gravait des visages dans son esprit à la mémoire presque photographique. Des visages qu'il fallait bannir de cette planète pour reconstruire un univers juste et magnifique.
C'est alors qu'elle remarqua un pauvre type dans la rue, sans le sou, et personne pour l'aider... Cette manie qu'avaient tous ces Japonais superstitieux! Elle savait que "sauver la vie de quelqu'un le rendait esclave de son sauveur" selon les moeurs. Mais c'était d'une cruauté et d'un minable! Elle trouvait que c'était une belle excuse pour ne se préoccuper de quiconque d'autre que de sa propre petite personne. C'était d'un pathétique! Tous ces gens qui passaient sans même voir le pauvre vieillard... Elle aurait même juré qu'un sale type genre salaryman lui avait donné un coup de pied! Quelle immondice... Ecoeurant! Haiko serrait le poing sous la table, quand le type du café lui apporta sa tasse fumante, emplie du liquide sombre. Elle le remercia avec un sourire, avant de reporter son attention sur la rue. Le vieillard avait disparu.
Haiko poussa un profond soupir et remua le café avec la petite cuillère. Ce matin, ce serait sans sucre.